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La nécessaire solidarité

Dans les pays ou régions peu développés, les individus se regroupent en communautés solidaires, qui sont les conditions de la survie. On partage, dans une certaine mesure, les richesses on rationalise l'utilisation de ressources essentielles comme l'eau. On réalise de façon bénévole des travaux profitant à toute la communauté, on donne des coups de mains à ceux qui sont dans la difficulté... Cette forme de solidarité qui fait partie de la culture et du «vivre ensemble» est acceptée parce que sans elle, l'existence même de chaque individu serait remise en cause.

Mais à mesure que les sociétés se développent et que les individus voient leur niveau de vie augmenter, on assiste à un mouvement paradoxal : la désolidarisation.

Ce phénomène est particulièrement visible dans les pays européens : puisque la condition de chacun s'améliore et que chacun se suffit à lui-même, la solidarité est moins nécessaire et commence à disparaître. Les gestes de solidarité se font de plus en plus rares et deviennent l'exception. La solidarité disparaît de la culture.

Elle disparaît d'autant plus rapidement qu'à la solidarité des individus se substitue un état providence qui en redistribuant les richesses via des mécanismes publiques, en mutualisant les risques via des dispositifs d'assurance maladie ou de retraite, déresponsabilise les individus qui ne s'estiment plus tenus à la solidarité.

Lorsque cette solidarité disparaît, elle semble quitter assez définitivement les mentalités, au point qu'en période de crise, comme celle que traverse l'Europe actuellement, les individus se sentent rabaissés lorsqu'ils doivent faire appel à la solidarité. C'est le cas, par exemple, des jeunes professionnels victimes des plans de licenciements consécutifs à la crise de 2008, qui ont été contraints de retourner vivre chez leurs parents. Ils vivent comme un échec et comme une injustice le fait de devoir repousser leurs plans d'indépendance. Avant 2008, ils projetaient d'emprunter pour acheter un appartement familial à un prix astronomique qui les aurait endetté sur 20 ou 25 ans. Depuis 2008, ils n'ont plus les moyens de louer un appartement et certains d'entre eux doivent retourner chez leurs parents. Echec suprême dans une société individualiste. Et pourtant, il y a un siècle seulement, dans une Europe essentiellement rurale, les jeunes mariés s'installaient souvent dans la ferme familiale qu'ils étaient appelés à reprendre plus tard et vivaient avec leurs parents. Vivre avec ses parents n'était pas un échec. Une large partie des nouveaux pauvres en Europe sont des familles monoparentales composées de jeunes femmes divorcées qui élèvent seules des enfants et qui sont pauvres surtout parce qu'elles doivent assumer seules un loyer. Elles sont souvent « tombées » dans la pauvreté lorsqu'elles ont divorcé et cessé de profiter de la forme la plus basique de solidarité : le mariage, dans lequel les époux mettent en commun leurs ressources pour vivre et survivre. Avant le divorce, ces femmes doivent seulement assumer un « demi loyer », une demi voiture, une demi facture d'électricité et ont un revenu disponible à côté qui leur permet de subvenir aux besoins de la famille. Après le divorce, elles perdent beaucoup sur plan matériel.

Il n'y a pas de jugements à porter sur ces comportements, mais dans les pays méditerranéens, où la solidarité familiale reste encore ancrée dans les mœurs, ces choix paraissent curieux.

On peut quand même constater qu'un peu partout dans le monde, la solidarité devient, en général, de moins en moins, naturelle.

C'est regrettable car, que nous le voulions ou non, nous sommes tous dépendants les uns des autres dans la mesure où nous vivons tous dans la même société. Le mot « société » est à considérer au sens large : notre communauté, notre pays, notre continent et même notre planète car nous savons que, à l'ère de la mondialisation, nous sommes tous devenus des citoyens du monde. J'en veux pour preuve, la crise financière d'un petit pays de 13 millions d'habitants comme la Grèce (0,19 % de la population mondiale et 0,54 % du PIB mondial) qui a affecté toute l'économie du globe.

Je crois que la solidarité est donc nécessaire et c'est à chacun de décider de la façon dont il veut montrer son sens de la solidarité : auprès de sa famille, auprès de ses amis, auprès de ses collègues, auprès d'association, auprès de sa ville, sous forme de dons financiers, sous forme de don de temps, sous forme d'aide ponctuelle...
Accessoirement, à titre personnel, je pense que les actes de solidarité doivent être discrets.

A chacun de choisir.